2016-11-22T20:31:07+01:00
A la frontière de la ville de Wati, Sen était assis à même le sol contre une pièce de maçonnerie effondrée à demi ensevelie sous le sable chaud le protégeant du vent du désert. Il entendait le bourdonement lointain de la vie reprennant ses droits dans les rues désormais débarassées des mort-vivants et de Kalò. Les voyageurs d’outretombe avaient été prié de quitter la ville de peur que leurs activités liées au masque funéraire du Pharaon Oublié ne causent de nouveaux ennuis. Le moine faisait refléter le soleil sur les ornements dorés et miroiter les pierres précieuses inestimables encastrées dans le visage impassible et sévère. La richesse apparente de cet artefact ne l’impressionait guère. Il s’étonnait plutôt de la face caché du masque. D’un noir profond et d’une facture iréelle, elle absorbait toute lumière mais il semblait pourtant y distinguer une forme lui rappelant vaguement ses propres traits comme si le masque avait été taillé pour épouser parfaitement les contours de son visage.
Sen s’était porté garant de la sécurité du dangereux artefact. Il se rememora leur descente dans l’observatoire et le journal de Neferekhu, grand-mère du nécromancien, qui racontait peu à peu l’effet que cet objet avait eu sur son petit-fils et la façon dont il avait affecté son esprit. Il se souvint aussi de la déferlante de puissance nécrotique qu’il avait généré et les dommages qu’il avait causé à la tranquille ville de Wati.
Contemplant le masque qu’il tenait fermement dans ses mains abimés par le temps, il vit dans un flash ses même mains juvéniles tenant un orbe scintillant d’un blanc laiteux. Il secoua la tête, chassant cette vision qui ramenait de douloureux souvenirs dans sa mémoire. Depuis sa mort il avait appris à dissiper sa peur mais les cauchemars était toujours présents et ressurgissaient dès qu’il tentait de reposer son esprit. Les paroles du dragon onirique hantaient ses pensées et il ne pouvait s’empêcher de sentir son jugement tel une épée de Damoclès guettant l’ineluctable heure de leur prochaine rencontre. Son passé avait verouillé son avenir, et la discipline seule ne lui avait pas permis d’atteindre la redemption.
Un reflet du masque vint percuter la pupille de Sen. Les voyageurs avaient vaincu le dragon d’ombre Kalò grâce à l’aide du dragon de cristal Shardizhad. Contre cet effroyable ennemi maléfique, un moindre mal leur permis de vaincre. Etait-il possible d’abattre un rêve ?
Alors qu’il retournait le puissant objet entre ses mains, la clameur joyeuse de Radoki vint le sortir de ses sombres pensées. Quelques soient les lieux de retraite que Sen trouvait, le barde finissait toujours par le débusquer comme si la ville n’avait aucun secret pour lui. Le moine se releva, rangea l’artefact dans son havresac et parti à la rencontre de son compagnon, remettant ses méditations à plus tard.